Pourquoi ce métier ?

Mon métier premier, celui pour lequel j’ai fait des études, c’est l’orthophonie. J’ai travaillé 10 ans en tant qu’orthophoniste libérale dans mon cabinet à Beauvais, dans l’Oise. Je me suis peu à peu spécialisée dans l’accompagnement des enfants porteurs de handicaps tels que l’autisme, les syndromes génétiques, les troubles sévères de la communication.

J’ai adoré ce métier. Je prenais plaisir à me former, encore et encore, pour enrichir mes connaissances et apporter à mes patients le suivi le plus adapté à leurs besoins. J’ai aussi enseigné en école d’ortho pendant 3 ans. J’accompagnais les parents, en solo ou en groupes, les fratries parfois, autour de la question de l’acceptation du handicap, la compréhension des troubles présentés par l’enfant, et étais à leurs côtés pour beaucoup pendant plusieurs années pour accompagner leur enfant vers une communication la plus fonctionnelle possible.

Mais je n’étais plus en accord avec la façon dont on nous demande de prendre en soins nos patients (je déteste l’expression pourtant courante : “prendre en charge”! ). Le manque de place dans les structures (dans ma région, certains établissements ont jusqu’à…20 ans d’attente. Oui oui. Alors ce ne sont pas les chiffres officiels bien sûr… les chiffres officiels annoncent toujours 5 à 6 ans depuis des lustres. Mais sur le terrain, les pros de ces structures comme les pros de la MDPH nous disent la même chose : certains enfants sur liste d’attente déjà depuis de longues années n’intégreront jamais ces établissements. Par faute de place. Et cela me rend folle.

Parce qu’au quotidien, les familles sont désemparées. Elles survivent comme elles peuvent en essayant d’accompagner leurs enfants au mieux, mais elles n’ont aucun répit. Je faisais partie, dans leur semaine, des rares occasions où elles pouvaient souffler quelques minutes, dans ma salle d’attente, pendant que je travaillais avec leur enfant. J’ai essayé le travail en partenariat, le parent dans mon bureau etc : mais la réalité m’a toujours rattrapée, même avec les parents les plus volontaires et motivés : ils sont ÉPUISÉS. Pour certains de mes patients (beaucoup), l’orthophonie en libéral n’était en aucun cas une solution pérenne et adaptée à leurs difficultés. J’ai fait du mieux que j’ai pu, avec toute mon énergie, ma bienveillance, mes connaissances et mon dynamisme. Mais je n’y arrivais plus. Pour beaucoup, l’orthophonie en libéral n’était pas adaptée et devenait maltraitante, j’ose le dire, tant pour eux que pour moi.

Dans un monde de la santé qui va de plus en plus mal, la mienne n’a pas été épargnée. Fin 2020, j’ai un un énorme passage à vide, qui a débouché sur une prise de conscience : je devais sortir de là. Je devais m’aligner avec mes valeurs profondes. Faire autre chose de ma vie professionnelle, qui me nourrisse, m’enrichisse et me fasse grandir là où l’orthophonie ne me le permettait plus.

J’ai longtemps cherché… et soudain, l’évidence. J’avais au départ pensé quitter l’orthophonie et ne plus y revenir… et si j’arrivais à ne garder que ce qui me faisait vibrer dans ce métier pour finalement y rajouter d’autres aspirations, d’autres passions ? Je vous passe le cheminement qui a suivi (de longs mois !), et me voilà aujourd’hui, à fonder mon entreprise de consultante en parentalité et formatrice des pros de l’enfance.

Je combine dans Parentalignés ce que j’aime profondément : accompagner les parents, les professionnels, transmettre des connaissances et cheminer avec eux vers un accompagnement des enfants qui soit respectueux, sans violence.. tout en mettant aussi mon expertise orthophonique au service : j’accompagne des parents d’enfants porteurs de handicap, à la fois dans leur parentalité au sens large mais également pour s’approprier certains outils clés d’aide à la communication avec leur enfant. Je forme des structures (crèches, écoles) à la compréhension du handicap et à aux adaptations nécessaires à mettre en place pour l’accueil de ces enfants. Je forme des professionnels du médico-social (IME, SESSAD…) autour du langage et de la communication, toujours en lien avec les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien (toujours en “sur mesure” !).

Je fermerai mon cabinet d’ortho libérale dans deux mois. Pour me consacrer à Parentalignés.

Je me sens intensément à ma place sur ce nouveau chemin… en route pour semer mes petits cailloux, des petites graines qui peu à peu, j’y crois, contribueront à changer le monde.